Je viens de finir le livre The Seven Principles for Making Marriage Work de Nan Silver et John Gottman et je l’ai trouvé si intéressant que j’ai eu envie d’en proposer un résumé ici.
Cet ouvrage se présente comme le fruit d’un travail de recherche scientifique sur les relations romantiques et, surtout, sur ce qui fait un mariage heureux sur le long terme.
L’auteur présente successivement les 7 principes que Nan Silver et lui-même ont dégagés de leurs recherches et qui distinguent les couples qui fonctionnent le mieux.
Si le livre est très hétérocentré, s’intéresse surtout au mariage et renforce souvent les stéréotypes de genre, j’ai trouvé que ses enseignements constituaient des outils très utiles au quotidien et que j’imagine pouvoir être suivis par tous les couples.
Le livre propose de très nombreux exercices pratiques, le plus souvent des questionnaires d’évaluation ou des échanges guidés entre partenaires, dont je n’ai pas voulu rendre compte ici. Ils m’ont semblé pertinents et efficaces par ailleurs. Je me suis permis de ne pas traduire toujours littéralement les titres des chapitres ou des concepts présentés dans le livre afin d’en rendre mieux compte en français.
1er principe : Apprendre à connaître son partenaire
L’auteur insiste sur la nécessité de connaître en détail la personne que l’on aime. Il ne suffit pas de savoir que votre conjoint aime le théâtre : il est bon de retenir ses dramaturges préféré•es, la metteuse en scène qu’il préfère, les spectacles qu’il a vus récemment, sa pratique personnelle du théâtre, l’acteur qu’il admire… L’auteur insiste sur la nécessité de faire de la place dans sa mémoire de façon active pour la vie intime de son partenaire. Cette mémoire de l’intimité est désignée dans le texte comme “la carte de l’amour” (Love Map).
Un questionnaire est proposé pour évaluer la “Love Map” de son couple et renforcer ses connaissances sur la vie familiale, amicale, professionnelle ou encore intellectuelle de son partenaire.
2ème principe : Cultiver son attachement et son admiration pour son partenaire
L’auteur suggère qu’il est important de développer et d’entretenir une forme d’admiration pour son partenaire, c’est-à-dire de comprendre en quoi il est digne d’être aimé, honoré et respecté. Selon l’auteur, se souvenir des premiers moments de la rencontre est utile pour déceler les qualités et la nature de l’affection qui ont pu être oubliées avec le temps.
Il est utile, au quotidien, de faire remarquer à son partenaire ce que l’on aime chez lui et ce pour quoi l’on est reconnaissant•e, même des petites choses qui peuvent sembler anodines.
Le chapitre propose une liste d’exemples de témoignages de gratitude et plusieurs questionnaires pour mettre en pratique les conseils donnés par l’auteur.
L’auteur propose d’entretenir l’habitude de “chérir” son partenaire, notamment lorsque l’on est séparé de lui. Cela consiste à penser activement à ses qualités et à ce pour quoi l’on peut lui être reconnaissant•e. L’auteur propose de relever dix qualités chez son partenaire et d’apprendre à lui en faire part avec des exemples récents.
Le livre invite à suivre un programme de sept semaines consistant à verbaliser mentalement une pensée positive au sujet de son partenaire et à accomplir une action liée. Par exemple :
- Pensée : Mon conjoint est mon meilleur ami.
- Action : Pensez à un secret que vous avez partagé avec lui.
3ème principe : Tournez votre attention vers votre partenaire et ne négligez pas ses marques d’affection
L’auteur explique que chaque membre d’un couple se tourne régulièrement vers l’autre pour entrer en connexion, par des mots, des gestes ou toute autre action ayant pour but de témoigner son affection ou son estime. Ses recherches lui ont permis de déterminer que les couples les plus pérennes étaient ceux au sein desquels ces petites attentions et ces petits mouvements vers l’autre étaient le plus souvent accueillis et appréciés de celui qui en était le destinataire.
L’auteur appelle cette multitude d’attentions des “bids”, que je traduirai par “marques d’affection”. Plus les membres d’un couple les relèvent et entretiennent leur goût pour ces marques d’affection en y réagissant favorablement, plus le couple a de chances de se maintenir dans le temps.
L’auteur voit deux obstacles majeurs à la bonne réception de ces marques d’affection :
- On risque de ne pas les remarques lorsqu’elles sont dissimulées au sein d’un mouvement de colère ou d’une émotion négative : “Pourquoi ne débarrasses-tu jamais la table ?” signifie “Pourrais-tu la débarrasser ?” : si l’autre effectue la tâche demandée, la marque d’affection reçoit une issue positive ; cependant, le partenaire incriminé risque de s’énerver et de ne pas du tout s’exécuter. [\Note : je ne vois pas trop en quoi c’est une marque d’affection, je dois avoir loupé un truc…]\
- Les écrans et Internet distraient et empêchent de se rendre compte des marques d’affection. L’auteur suggère que la dépendance aux écrans conduit parfois à se détourner de l’autre et à rester sourd à ses demandes et à ses besoins, cela sans s’en rendre compte et non par malveillance.
Plusieurs exercices sont proposés à la fin du chapitre.
4ème principe : Faites de la place aux avis de votre partenaire
Il s’agit à la fois de partager le pouvoir de décision et de faire une place aux conseils et aux valeurs de son partenaire, ce qui est lié à l’estime que l’on accorde à l’autre. L’auteur insiste sur le fait que les hommes ont une tendance plus grande que les femmes à ne pas écouter leur épouse et à réagir avec agressivité. #patriarcat
5ème principe : Résolvez les problèmes qu’il est possible de résoudre
L’auteur insiste sur la nécessité de résoudre les problèmes résolubles. Il propose un modèle de discussion pour aborder le mieux possible les points de tension :
- Aborder le problème de la façon la moins agressive possible et la plus calme possible
- Apprendre à faire et à recevoir les tentatives de réparation (« repair attempts »)
- Chercher volontaire à se détendre tous les deux
- Faire des compromis
- Traiter les griefs éventuels de manière à ce qu’ils ne perdurent pas.
- Il est important d’éviter ce que l’auteur appelle les “4 cavaliers” en référence aux 4 cavaliers de l’Apocalypse dans le Nouveau Testament : le mépris, la position défensive, la critique et l’obstruction au dialogue (« contempt, defensiveness, criticism, stonewalling »). Il est super important d’accepter sa part de responsabilité pour bien commencer la discussion.
- Le partenaire est susceptible de montrer des marques de contrition ou des débuts d’excuse. Il est bon de réussir à les recevoir sans être désagréable et à les formuler soi-même aussi.
Parmi les nombreux exercices suggérés, l’auteur en propose un pour trouver des points d’entente : Sur une feuille, tracer deux cercles, un plus petit petit dans le plus grand. Au centre du plus petit, il convient d’inscrire les points sur lesquels on ne veut pas transiger, puis, dans le plus grand, ceux pour lesquels des concessions sont possibles.
L’auteur invite également à soigner les blessures émotionnelles liées, notamment, aux disputes, qui peuvent être violentes ou laisser des traces, citant William Faulkner : “Le passé n’est jamais mort. En fait, le passé n’est même pas du passé.”
Un chapitre est consacré aux problèmes fréquents voire inévitables rencontrées par le couple : les questions d’argent, les tâches ménagères, le porno, les conflits entre les membres d’une famille recomposée, la parentalité, le sexe. Un long passage est consacré au sexe mais je ne l’ai pas lu.
6ème principe : Surmonter les blocages (« Overcome Gridlocks »)
Ce chapitre part du constat que, dans tous les couples, des incompatibilités et des différences d’aspiration sont inévitables. Ces différences de vue demandent à trouver une solution avant qu’elles n’empoisonnent la relation et ne poussent chacun à considérer l’autre comme égoïste et à bloquer tout compromis.
Les blocages se caractérisent par le fait qu’ils engendrent toujours les mêmes conflits, qu’ils ne peuvent pas être abordés sur le ton de l’humour, que le problème qu’ils créent empire avec le temps et que renoncer à sa position signifierait perdre quelque chose qui est au cœur de nos valeurs ou de notre perception de nous-mêmes.
L’auteur insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas nécessairement de dépasser ces blocages mais surtout de les reconnaître et d’en parler sans blesser l’autre. Au cœur d’un blocage se trouve un “rêve” pour sa vie dont l’autre n’a pas conscience ou ne respecte pas assez. Ce rêve peut être un rêve de liberté, de créativité, de voyage… Il convient alors de faire part de ses aspirations et d’être à l’écoute de celles de son partenaire pour trouver ensemble une solution, qui peut passer par différents niveaux d’accomplissement.
Des exercices sont proposés pour débloquer les situations tendues.
7ème principe : Créer du sens partagé
L’auteur suggère qu’un mariage vit aussi pour les valeurs et les représentations communes d’un couple. Un couple devrait ainsi avoir pour objectif de créer une atmosphère propice à l’échange sur les convictions de chacun de ses membres. L’auteur souligne l’importance des rituels pour un couple, le soutien dans les rôles que l’un et l’autre se fixent pour lui-même, partager des objectifs communs et des valeurs. Priorité au respect des différences de chacun. Un couple peut écrire la “constitution du couple”.
L’ouvrage se conclut sur le concept des “6 heures magiques”, série de petites attentions et de rituels auxquels il est bon de faire une place dans son quotidien et qui sont censés occuper 6 heures par semaine.